Qui sont les montagnards ?
Les montagnards est le nom utilisé pour désigner les minorités ethniques du centre du Vietnam car elles habitent dans des montagnes entre Da Lat (1500m d’altitude) et Kontum (525m d’altitude). Autour de Da Lat, habitent les K’Ho, les Churu, les Roglai, un peu plus au nord les Ede, les Sodang, les Mnông, à l’est les Maa et les Stiêng et autour de Kontum les Rongao, les Jarai et les Bahnar. Elles se sont toutes installées près de rivières et vivaient des richesses de la forêt (chasse, ramassage de baies, utilisation du bois et du bambou …) et cultivaient un peu de maïs ou de riz par brûlis. Tous les ans ils changeaient de petit terrain pour leurs cultures et y revenaient 12 ans plus tard après l’avoir brulé (ce n'est pas forcément moins écologique que les cultures sédentaires, au contraire). A la saison sèche, après les récoltes ils prenaient un temps de repos et de fêtes, qui pouvait durer plusieurs semaines.
A chaque ethnie sa culture et son dialecte
Chacune de ses ethnies a son propre dialecte, même si certains se comprennent ils ne peuvent pas parler le dialecte de l’autre. Les traditions, les motifs de tissage, l’architecture des maisons varient d’une tribu à l’autre !
La culture de la minorité se transmettait par le récit oral de contes et d’histoires autour du foyer. La morale était enseignée par la pratique et ce sont toujours des peuples très honnête, une soeur me racontait que lorsqu’elle donnait des bonbons aux enfants Bahnar, jamais ils ne feraient semblant de ne pas en avoir eu pour en avoir un deuxième !
Les motifs de tissage sont aussi très différents : les Bahnar tissent souvent des fleurs, les Ede tissent tous les animaux et plantes environnantes … Les K’Ho et Churu tissent du bleu marine alors que les Jarai et les Bahnar privilégient le noir et le rouge.
Vers Kontum les maisons sont en hauteur alors que vers Da Lat elles sont légèrement surélevées, mais toutes sont construites à partir de bambou, de paille et de chaume. Aujourd’hui ces maisons ont tendance à disparaître car le prix du bois a beaucoup augmenté et beaucoup copient les maisons en ciment des vietnamiens.
La majorité de ces ethnies sont des sociétés matriarcales
Dans la plupart de ces ethnies, les femmes ont le pouvoir, choisissent leur époux, ce sont-elles qui transmettent leur nom de famille à leurs enfants et à leur époux,, gèrent le budget … Lors du mariage la famille de la femme offrira des cadeaux (animaux, sarong, bijoux …) à la famille du futur époux. Chez les minorités K’Ho, plus l’homme est fort plus de buffles seront donnés à sa famille lors du mariage.
Le mari ira habiter dans la famille de sa femme et travaillera les terres de sa femme !
Les cultes de ces minorités
Beaucoup de ces minorités étaient animistes et vouaient un culte aux dieux de la nature : forêt, soleil … et les danses et sacrifices d’animaux étaient à l’honneur de ces dieux. Avec l’arrivée des pères des Missions Etrangères de Paris, beaucoup se sont converties au catholicisme (si un villageois se convertit, tout le village suit) et plus récemment certains sont devenus protestants.
Les défis des minorités aujourd’hui
Avec le contact des autres peuples et l’arrivée de la modernité, certaines traditions se perdent et beaucoup perdent leur terre ou la vendent à bas prix. Ils se retrouvent donc à travailler pour des grands propriétaires terriens et à cause de la déforestation ont moins accès aux ressources de la forêt… L’arrivée des écrans remplace les traditionnels soirées en famille où l’on transmettait la culture et les traditions.
Les savoir-faire traditionnels se perdent aussi peu à peu, notamment le tissage d’abord parce que les plants de coton et les plantes pour la teinture ont disparu à cause de l’agriculture intensive et de la déforestation et ensuite parce que les tenues modernes sont moins chères que le tissage et plaisent plus aux jeunes ! Peut être qu’en se rendant compte de la richesse de ces cultures et de leur savoir-faire (et qu’on peut gagner sa vie avec), les ethnies réussiront à les perdurer. Et c’est déjà le cas : j’ai découvert une belle initiative de minorités K’Ho de Langbiang pour préserver leur langue et elle a lieu grâce aux réseaux sociaux !